Manger et cuisiner, deux plaisirs inconciliables

Dr Nesrine Choucri Samedi 26 Septembre 2020-16:00:48 Chronique et Analyse
Manger et cuisiner, deux plaisirs inconciliables
Manger et cuisiner, deux plaisirs inconciliables

Manger est un plaisir ! Parfois, c’est l’unique plaisir que l’on peut vivre dans un univers de plus en plus soumis au stress. Mais, aussi, manger est un vrai art. Un art sublime qui décore nos assiettes, réchauffe nos estomacs et embellit nos jours. A l’époque moderne, la planète entière a commencé à revoir sa façon de manger ou de consommer l’alimentation. Ce qui compte c’est avant tout comment manger tout en préservant sa santé, en maintenant l’équilibre et évitant de tomber malade. Qui dit manger, dit cuisiner. Si vous êtes mère ou patronne d’une maison, vous allez naturellement penser au deux et notamment à marier l’agréable à l’utile. C’est-à-dire le goût et le plaisir à la bonne qualité.  

 

 

Manger a toujours été un symbole du maintien de la vie, particulièrement évident lorsqu'on nourrit un petit enfant…C'est le maintien d'une bonne forme et d'une bonne santé, notion de plus en plus présente dans la vie moderne, mais qui est rarement la préoccupation première du mangeur ! Moyen de communication et de partage avec les autres, c'est une activité sociale qui permet de se définir dans un groupe ou à l'extérieur, d'afficher une appartenance. C'est aussi un moyen de découvrir et d'explorer le monde extérieur en expérimentant de nouveaux aliments, de nouvelles cuisines. Mais manger, c'est surtout un acte agréable par la sensation de bien-être, de calmer sa faim et par le plaisir des sens, plaisir des yeux, du nez et de la bouche, qui varie de façon infinie selon la préparation et la présentation des aliments, selon doctissimo.fr.  

Le goût représente aussi un important enjeu économique et dans notre société d'abondance, l'industrie agro-alimentaire développe en permanence de nouveaux produits dont la qualité gustative est un critère essentiel. Mais d'autres sens que le goût interviennent dans la perception des aliments : la texture, la température, le piquant du poivre ou des épices, l'astringence (sensation de sécheresse de la bouche). La texture d'un aliment joue un rôle fondamental dans la perception de ses qualités gustatives et aromatiques. Et, évidemment, les Egyptiens- comme tous les habitants de la Méditerranée- ne font pas exception à la règle. Ils adorent manger, des plats faits-maison, bien mijotés dans leur sauce avec la plus grande attention et le plus grand bonheur. La cuisine égyptienne est un mélange métissé de diverses cultures. Ainsi on retrouve aussi bien des influences libanaises, grecques que turques dans ses plats. Les plats sont souvent très riches, sucrés ou épicés (cependant moins piquantes que ses voisins orientaux). 

L'Egypte a de nombreux plats typiques et savoureux à son palmarès. On retrouve notamment les feuilles de vigne, elles se dégustent chaudes ou froides, et sont fourrées de riz, d'herbes, d'épices et de viande. Au petit-déjeuner, les grosses fèves brunes mijotées avec soin en ragoût et servies avec une touche d'huile (dit foul) sont le plat populaire le plus répandu dans le pays. Le kochari (mélange de riz, lentilles, macaronis, oignons frits avec une pointe de sauce tomate) est également très apprécié. La mouloukhiya est un autre plat national ; c'est une soupe aux herbes, à l’ail et à la coriandre.  

Notre pays offre également un choix assez large de desserts. On trouve la méhallabeyia, une sorte de crème à base de farine de blé, parfumée à la vanille, et servie avec des pistaches, le riz au lait, ou encore l’Oum Ali, un dessert composé de feuilles de pâte cuites très fines, baignant dans du lait sucré et mélangé à de la noix de coco et des noisettes.  

Autant dire que la cuisine égyptienne a de quoi rassasiée les palets les plus gourmands. Le passage de l'épicé au très sucré, en fait une cuisine délicieusement atypique, confirme le site http://l-egypte.com/gastronomie.html.  

Préparer un plat est souvent lié à une intention de faire plaisir mais peut dès lors s’accompagner de pression : la peur de le rater, la peur de ne pas obtenir le résultat espéré, de gâcher en conséquence un moment convivial. Mais, pour faire ces plats, il faut avoir d’abord beaucoup de temps pour cuisiner. Or, dans le quotidien, avoir le temps est parfois un luxe dont on ne dispose pas toujours, notamment pour les mères qui cumulent plusieurs casques. Aussi, la cuisine peut devenir un acte routinier et monotone. Et, l’art de cuisiner qui doit être une forme de liberté, de créativité et d’affirmation, finirait par être une source d’ennui. Dans ce cas, les Egyptiens recourent parfois à faire des commandes, mais là encore, il faut avoir un budget. La livraison à domicile est parfois coûteuse et la nourriture est parfois grasse. Dans ce cas, que faire ? Et bien, il y a les petits plats qui dépannent la majorité des ménages égyptiens et qui leur permettent d’économiser le temps, l’énergie et l’argent.  

La reine des plats aimée par tous les membres de la famille en Egypte : les pâtes à la sauce tomate et le poulet pané. Tous les ménages adorent ce plat qui est parfois présenté jusqu’à deux ou même trois fois par semaine. Ce plat est léger, facile à préparer et à manger. Il est présenté été comme hiver. Souvent, les hommes égyptiens se moquent du fait que les femmes passent des heures entières à suivre à la télévision des programmes de cuisine et finalement préparent toujours ce même plat. Evidemment, il y a certaines déclinaisons, mais pas très fréquentes. Le poulet pané peut être remplacé par des biftecks ou de la viande en entrecôte. A noter que sur le plan financier, le poulet est beaucoup moins cher que la viande. Parfois, de même, les pâtes sont remplacées par des frites, ce remplacement n’est pas très agréable pour les mamans égyptiennes car la friture des pommes de terre nécessite plus de temps que la confection des pâtes à la sauce. Dans certains cas, le poulet pané est présenté dans du pain sous forme de sandwich, accompagné de chips et de salade verte.  

Côté santé, les Egyptiens n’aiment pas manger ce qui est congelé, ni ce qui est dans les boîtes de conserves. Pourtant, ces règles ne s’appliquent pas aux boîtes de thon. La boîte de thon est un plat très populaire en Egypte, notamment au Caire. Cette boîte magique sert à toutes les occasions : été, automne, hiver, printemps. Vous suivez un régime : mangez du thon. Vous partez en excursion et souhaitez préparer des sandwichs : mangez du thon. Vos enfants ont faim et vous n’avez pas eu le temps de cuisiner : servez du thon au déjeuner comme au dîner. Evidemment, les Egyptiens aiment les assaisonner : oignons coupés en cubes ou en rondelles, jus de citron, vinaigre, poivron vert, rouge, jaune, carotte râpée, mayonnaise. A côté de ce plat délicieux, il y a évidemment les galettes de pain baladi bien chauffé et tendre. Il y a quelques années, on mangeait aussi des conserves de sardine à l’huile d’olives. Aujourd’hui, elles sont moins répandues dans les supermarchés et le thon s’est imposé sur la table à manger.  

En été, il fait chaud et torride. Il y a des jours au mois de juillet et d’août où le fait de manger est difficile. Apport calorique, oui, avec la chaleur, c’est suffoquant. On ne peut pas continuer à s’abstenir tout le temps de la nourriture, il faut bien se nourrir à un moment. Et, si les femmes n’ont pas le temps de préparer des salades, il y a une solution magique en parfaite harmonie avec la saison des grandes chaleurs. Servir du pain baladi, du fromage blanc crémeux et des tranches de pastèque glacées. Un plat que les Egyptiens attendent d’une année à l’autre. Il est devenu une sorte de culte, de tradition, un des délices incontournables de l’été. Tout le monde adore ce plat facile à digérer avec la hausse de la température, en plus, il hydrate le corps en le dotant d’une quantité importante d’eau sucrée. Certains doublent le plaisir en y ajoutant des morceaux de tomates. En fait, nous les Egyptiens, adorons ajouter des tranches de tomates ou des cubes de tomates à toute chose. Pour ceux qui souhaitent réduire leur niveau de cholestérol, quelques gouttes d’huile d’olive.  

Décidément, les femmes égyptiennes sont toujours très créatives quand il s’agit de ne pas cuisiner, mais de présenter un déjeuner rapide aux membres de leurs familles. Parmi ceux-ci, on peut citer les omelettes ou comme on dit dans le dialecte égyptien « des œufs frits ». Elles sont présentées sous diverses formes : couleurs, saveurs et odeurs sont là fidèles au rendez-vous. La plus fameuse est l’omelette dite « chakchouka » faite avec des tomates coupées en cubes, des morceaux d’oignon et sa cuisson ne dépasse jamais les dix minutes, ni d’ailleurs, sa dégustation. Alors que certains préfèrent leur omelette nature, d’autres la mangent au fromage ou encore aux légumes. Parfois, elle est accompagnée de frites. Et, ce qui est très égyptien ce sont les omelettes à la basterma (viande fumée au goût de l’ail) 

Aujourd’hui, on mange des sandwichs : c’est un slogan que l’on trouve souvent dans les maisons égyptiennes, notamment à l’approche des fêtes ou du mois de Ramadan. Si les femmes se préparent pour faire un vrai banquet, elles prennent avant le festin quelques jours de congé de la cuisine. Alors, dans ce cas, tout le monde aura au déjeuner des sandwichs à manger : des sandwichs de fromage blanc à l’olive, ou au concombre, du « lanchone » (viande ou poulet fumés et consommés froid), de la basterma (viande fumée au goût de l’ail), avec des chips et des boissons gazeuses. Un vrai régal notamment pour les enfants et les jeunes qui veulent échapper au repas traditionnel riz, légumes, viande ou poulet.  

La soupe d’orzo avec un bouillon de viande ou de poulet est également une des solutions magiques. Elle est souvent présentée avant un plat copieux et en jour de travail et de fatigue, elle est présentée seule avec un morceau de viande et de poulet. Elle est consommée notamment en hiver et réchauffe bien l’estomac. Tout le monde l’aime adultes comme enfants. Bien sûr, il y a des préférences : bouillon de viande ou de poulet, mais la soupe d’orzo est toujours championne. Ce qui est marrant c’est que la soupe d’orzo (l’orzo est une pâte) est nommée en arabe « la soupe de lissane al-asfour » ou soupe de langue d’oiseau. Dans la soupe, il n’y a ni oiseaux, ni langues. Juste un bouillon et des pâtes. Tous les enfants égyptiens sont choqués, quand ils sont petits du nom, même s’ils l’adorent. C’est petit à petit qu’on comprend qu’il n’y a une aucune relation entre la soupe et l’appellation. Et ça fait rire.  

La liste est exhaustive et ne peut être cernée en quelques lignes. La cuisine égyptienne va du plus facile au plus compliqué, elle répond à tous les goûts et toutes les humeurs. Alors, que vous ayez du temps, ou pas, de l’énergie ou pas, de l’envie ou pas, sachez qu’il y a toujours quelque chose à présenter à votre famille. C’est ça l’Egypte : plein de solutions et de choix pour tous ceux qui cherchent quelque chose de différent ! 

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